29/04/2019 – Nico.
Puno est la grande ville péruvienne au bord du lac Titicaca.
J’y étais déjà venu il y a 17 ans. Ingrid était également venue ici quelques années plus tôt encore. A l’époque, nous ne nous connaissions pas, mais nous avons tous deux déjà vécu et apprécié une expérience chez l’habitant dans l’île d’Amantani. Dorénavant, c’est devenu une activité très touristique et de nombreuses agences organisent des tours entre les îles flottantes et les iles d’Amantani et Taquile. Nous voulions alors éviter le circuit touristique classique proposé par toutes les agences ici, et dormir comme tous les autres touristes sur l’île d’Amantani. Nous tentons alors de nous rendre à une association de familles de l’île de Taquile, qui malheureusement était fermée. Nous sommes alors contactés par une agence qui nous propose de nous organiser une nuit dans une famille sur cette même île de Taquile, là où les touristes ne dorment pas. Nous ferons partie d’un tour qui visite l’île sur la journée, sauf que nous resterons sur place et repartirons avec le groupe du lendemain. Le deal nous parait bon et prenons nos tickets pour le lendemain.
Le matin, nous passons d’abord par les îles de Uros. Cette communauté vit, depuis l’époque pré-inca, sur des îles flottantes en paille dans une région peu profonde du lac Titicaca. Il y a 20 ans, il n’y avait que très peu d’îles flottantes, mais aujourd’hui on en compte plus de 90. Selon notre guide, la communauté a fortement grandi du fait des nombreuses naissances ces dernières années, mais je pencherais davantage sur une activité touristique prospère et grandissantes. En effet, plusieurs centaines d’étrangers y débarquent chaque jour et se voient présenter les produits d’artisanats locaux.
Nous suivons tout de même la visite d’une des îles avec intérêt et comprenons comment les herbes et leurs racines qui la composent leur permettent de flotter. Leurs techniques de construction, de culture et de navigation sont uniques au monde. Nous nous prenons tout de même au jeu en déguisant les filles avec leurs habits traditionnels, et en faisant un tour de bateau à tête de Puma. Nous sommes en effet sur le lac du « Puma gris », traduction littérale de « Titicaca » en Langage Aymara.
Comme le disait Ingrid dans son article précédent, ce lac est le lac navigable le plus haut du monde. Il est alimenté par les glaciers alentours, mais n’a aucune rivière qui ne s’en échappe vers l’océan. La régulation de l’eau se fait par l’évaporation. Le micro climat ainsi crée permet d’y cultiver encore certains légumes malgré les 4000m d’altitude. La seule irrigation vient des pluies qui s’étalent de novembre à mars. La pomme de terre avec ses près de 3000 variétés y aurait été découverte ici et apportée bien plus tard en Europe par Mr Parmentier.
Après plus de 2h de navigation, nous atteignons enfin l’île de Taquile. Nous laissons notre groupe pour la visite guidée et nous poursuivons de l’autre coté de l’île où nous serons accueillis par notre hôte Esteban, qui n’est autre que le grand chef élu de l’île. Nous montons tranquillement jusqu’à sa maison et faisons connaissance avec son épouse et ses deux filles de 9 et 14 ans.
A Taquile, tous les habitants (et dès l’âge de 7 ans) portent quotidiennement les habits traditionnels. Le bonnet des hommes a un code couleur qui leur permet de distinguer les hommes mariés des célibataires et d’identifier les responsables dans chacune des 6 communautés. Les femmes mariées également portent une jupe noire alors que les célibataires la portent rouge. Tout comme en Bolivie, elles les empilent les jupes les unes sur les autres pour leur donner du volume.
Ici, comme dans le nord du pays, les habitants parlent le Quechua, la langue des Incas. Esteban nous explique que les communautés vivent selon les règles de leurs ancêtres pré-incas. Il est absolument interdit de mentir ou de voler. Il n’y a donc pas de police dans l’île. Comme sur la Isla del Sol coté bolivien, nous avons l’impression d’avoir remonté le temps. Ici aucun véhicule, aucun engin motorisé. Les gens circulent tous à pied malgré les dénivelés impressionnants et récoltent les pommes de terre à la main.
Pour le déjeuner nous avons le droit à une riche soupe de quinoa et pommes de terre suivie d’un filet de truite à la plancha. Et pour digérer tout ça, nous partons à la découverte de l’île jusqu’au point culminant. De là haut, nous avons une vue à 360 degrés sur le lac qui s’étend à perte de vue, partagé entre Bolivie et Pérou. Mais nous pouvons surtout admirer notre île dans sont entièreté avec ses champs en terrasse et ses habitations parsemées sur tout le territoire.
Le soir, nous dinerons avec la famille, une autre soupe quasiment identique à celle du midi, sauf que c’est Ingrid qui a épluché les patates ;). Ce sera l’occasion pour nous de faire davantage connaissance avec les filles d’Esteban qui nous montrent fièrement les bracelets et autres petits lamas en porte-clés qu’elles ont réalisés elles-même ! Nous sommes tous repartis avec un joli bracelet « made in Taquile »!
Le lendemain, au petit déjeuner, nous aurons à nouveau la même soupe de quinoa patates… heureusement, on ne s’en lasse pas encore, même si nous savons dorénavant qu’on en aura encore pour le déjeuner. Colombe et Mahaut ne perdent pas de temps pour jouer avec les filles d’Esteban. L’école ne commence qu’à 10h ce lundi. Elle ont donc un peu de temps avant de les accompagner. Je profite alors de ce moment pour me promener seul dans l’île, et d’aller méditer au calme près de l’eau. Je me remémore alors les moments similaires passés il y a 17 ans sur l’île d’à coté et mesure la chance que j’ai de pouvoir voyager ainsi et côtoyer des peuples si éloignés de notre quotidien en France…
Pendant ce temps, Ingrid et les filles auront fait une autre balade, non loin de là. Nous nous retrouvons le midi pour notre déjeuner soupe et truite, similaire à celui de la veille. Esteban nous raccompagne alors jusqu’au port où nous raccrocherons un groupe pour le retour en bateau.
PS. Voici les coordonnées d’Esteban, pour celles et ceux qui souhaiteraient vivre la même expérience que nous sans passer par une agence. Laissez un message en espagnol sur le répondeur car il n’y a du réseau qu’à une extrémité de l’île. Il consultera tous les deux jours. Esteban Huatta Huatta : +51 979667508